Mercredi 9 novembre

20h30 – Auditorium – Tarif B

Hélène Tysman, pianiste, Dominique Pinon, récitant,

Musique de Ravel

Texte de Jean Echenoz

Ravel est le compositeur français le plus joué au monde. Son Boléro est donné 150 fois par jour sur l’ensemble de la planète, soit environ une fois toutes les 10 minutes! Et pourtant il est aussi sans doute l’un des génies dont la vie est restée la plus secrète…

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Le dandy aura préservé chacun de ses secrets : femmes de passage, brouillons de musique, souvenirs basques, déceptions de prix et espérances sans lendemain. Il est comme étranger à lui même, voyageur dans son monde intérieur nourri des petits riens de l’enfance accrochés comme des talismans aux couloirs étroits et charmants de sa maison. Après avoir porté l’uniforme durant la Grande Guerre, il erre luxueusement dans le Paris des années vingt. Le délicat personnage à l’humeur vagabonde échappe sans cesse aux mondains auxquels il feint, par paresse, d’appartenir. Il s’amuse même de l’Amérique qui l’accueille en héros et dont le rêve jazzé lui suffisait. Adulé, il a presque déjà tout dit, lui, si perfectionniste et qui ne déteste rien de plus que l’exhibitionnisme romantique et le goût suranné de la répétition : on ne lui connaît qu’un seul quatuor, un seul trio, un seul… Le roman de sa vie pleine d’histoires et pourtant si peu aventureuse s’arrête en pleine lumière, un soir d’octobre 1932. L’accident de la circulation dont il est la plus banale des victimes assourdit une à une les sonorités étincelantes d’une œuvre qui nous fait encore rêver. Au cours des cinq années qui suivent, la petite silhouette du musicien s’estompe. Le 28 décembre 1937, Ravel ne fera plus jamais de sortilèges.