Samedi 12 novembre

20h30 – Salons d’Honneur de l’Hôtel de Ville – Tarif B

Stéphanie-Marie Degand, violoniste

Emmanuelle Cordoliani, comédienne

Musique de Bach, texte de Pétrarque

L’Ascension au Mont Ventoux de Pétrarque est un voyage initiatique où se pose la question de l’élévation de l’âme en même temps que celle du corps. Bach et Pétrarque s’écoutent, échangeant leurs points de vue et leurs cartes de grands randonneurs de l’âme…

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Aujourd’hui, mû par le seul désir de voir un lieu réputé pour sa hauteur, j’ai fait l’ascension d’un mont, le plus haut de la région, nommé non sans raison Ventoux.

L’Ascension au Mont Ventoux de Pétrarque est un voyage initiatique d’un jour, où se pose la question de l’élévation de l’âme en même temps que celle du corps. Au retour de la grande marche, Pétrarque en peu de mots en rend compte dans une lettre à son confesseur resté en Italie.

Tu vois donc, Père très aimé, que je ne te veux rien cacher de moi, moi qui met tant de soin à te révéler non seulement toute ma vie, mais aussi mes pensées secrètes, l’une après l’autre…

Bach a composé une grande partie de son œuvre pour violon après la mort de sa femme. Une œuvre tourmentée en forme de questions incessantes et irrésolues. Un cheminement dans le sombre. La deuxième Partita est peut-être un tombeau pour Maria Barbara, sa première femme. La solitude intense de la réflexion intime ne se fait bien entendre qu’à plusieurs. Pétrarque marche avec son frère qui toujours le devance, l’encourage, le précède, le moque et l’attend.

Voix et violon, pareillement s’accompagnent en s’alternant, dans la vertigineuse intériorité de ces voyages.

Et lors, Bach et Pétrarque s’écoutant, s’ouvrant, s’éclairant l’un l’autre, échangeant leurs point de vue et leurs cartes de grands randonneurs de l’âme, cela va tout seul. Cette ascension en ré mineur est le croisement de nos cheminements. Une manière de faire ensemble un bout de route. Sinueuse, surprenante, toujours nouvelle sous la lumière changeante du temps qui passe. La vie que nous appelons heureuse occupe les hauteurs et étroite est la route qui y mène. Nombreux aussi sont les cols qu’il faut passer, de même nous devons avancer par degrés, de vertu en vertu ; sur la cime est la fin de toutes choses, le but vers lequel nous dirigeons nos pas. Tous veulent l’atteindre, mais comme dit Ovide,  « vouloir est peu ; il faut, pour parvenir, désirer. »